Jean Maher : Les terroristes ne réussiront pas à diviser la société égyptienne
Jean Maher, Président de l’Organisation Franco-égyptienne pour les Droits de l’Homme à Paris, a déclaré sur Radio Monte Carlo International que les évènements survenus au cours du mois de février 2017, les assassinats et déplacements de coptes à al-Arish sont une catastrophe, non seulement pour les chrétiens mais pour l’ensemble de l’Égypte.
Pour la première fois en Égypte, Daesh applique les méthodes terroristes usitées en Irak et en Syrie. D’une pierre, ils battent cent coups et non deux coups, parce qu’ils attaquent aussi le point sensible de l’Égypte, en tentant de diviser musulmans et chrétiens.
Ces terroristes ont deux objectifs :
Le premier objectif est de démolir le régime actuel en essayant de fournir des preuves de son incapacité à assurer la sécurité. Le deuxième est d’essayer de semer la division entre musulmans et chrétiens.
Ils n’ont pas réussi, en dépit de tous leurs efforts et différents moyens dont :
- L’explosion d’une bombe dans l’église Saint-Pierre adjacente à la cathédrale du Caire ayant fait 24 morts;
- Cette femme copte en 2016, rouée de coups, dénudée en public et traînée dans les rues du village Karm, dans la province de Minya, puis expropriée et expulsée avec sa famille de son village;
- Les enlèvements et disparitions régulières de jeunes femmes chrétiennes;
- Sept chrétiens tués dans la ville d’al-Arich provoquant le départ de 546 chrétiens vers Ismailia, ce mois de février;
- Les manipulations de dépôts de plainte entrainant des dossiers non classés au tribunal.
Le peuple égyptien doit prêter attention à ce plan dangereux dirigé contre les chrétiens
Devant l’assassinat, le brûler-vif et la mort, une réaction de colère n’en est que normale. Le danger serait d’instiller un manque de confiance permanent dans la capacité du régime à les protéger.
Le gouvernement et les politiciens doivent le prendre en compte, et j’observe qu’ils font des efforts dans la mesure du possible. Les coptes de France ont bien perçu cette stratégie de Daesch en Égypte pour gagner du terrain comme en Syrie et en Irak : attentat, terreur, division, chaos .
Mais ce n’est pas par une manifestation contre le régime qu’ils réagiront devant cette situation de reproche ou de perte de confiance ressentie par les citoyens, comme ce fut le cas à l’époque de Sadate et Moubarak. Or si des complicités pro-Daesh semblent avoir infiltré l’appareil de sécurité et de la justice et manipulent les perceptions pour démontrer l’impuissance du pouvoir, c’est bien l’objectif visé par les extrémistes à la veille d’une élection présidentielle.
La France et l’Europe doivent soutenir le Président Al Sissi contre la terreur islamiste, terreur qui sévit pareillement en Europe et ailleurs dans le monde.
Si la déficience, le dysfonctionnement et les embuscades peuvent aboutir à une image d’incapacité du régime et de l’armée dans l’élimination de Daesh. L’Égypte se différencie de l’Irak et de la Syrie par sa capacité défensive et offensive à détruire les djihadistes.
En Europe, notre mission est d’exiger du gouvernement français et de l’Union Européenne, un soutien public sur le plan logistique et matériel car c’est une affaire qui dépasse le problème du déplacement des Coptes d’Arish.
Il s’agit de mercenaires sauvages qui ciblent non pas seulement des bâtiments stratégiques mais aussi des individus pour affaiblir. La coopération et la solidarité des égyptiens victimes de ces terreurs rurales et urbaines doivent se poursuivre avec celle de la communauté internationale.
Extrait de l’émission
>>Les invités
- Jean Maher – Président de l’Organisation Franco-égyptienne pour les Droits de l’Homme à Paris
- Bashir Abdel Fattah – Chercheur et Expert au Centre Al Ahram pour les Études stratégiques en Allemagne
- Boulos Halim – Porte-parole de l’Église Copte en Égypte
- Ashraf El Hanafi – Militant d’El Arish en Égypte
>>Écouter l’interview en arabe