Les pharaons de l’Égypte moderne par Jihhan el-Tahri

Le Général Negrieb et le Colonel Nasser au Caire pour assister aux festivités organisées a l'occasion de l'anniversaire de la révolution du 23 juillet le 27 juillet 1954

Le Général Negrieb et le Colonel Nasser au Caire pour assister aux festivités organisées a l’occasion de l’anniversaire de la révolution du 23 juillet le 27 juillet 1954

Les Pharaons de l’Égypte moderne, de Jihan El Tahri (France, 2015, 3 × 52 min). 

L’ampleur d’un sujet, son opacité, plutôt que de la démonter, mettent Jihan el-Tahri en appétit. Pour la réalisatrice, après avoir sondé, film après film, les arcanes de la géopolitique africaine et moyen-orientale , les ressorts des décisions qui accouchèrent des indépendances et les prémices des désillusions post-coloniales, la perspective de s’attaquer à soixante ans d’histoire contemporaine égyptienne relevait presque de l’évidence.

Fruit de cinq années de travail, sa fresque exigeante et passionnante épouse les règnes des trois derniers pharaons, Nasser, Sadate et Moubarak, et en convoque les acteurs de premier plan — membres de l’appareil d’Etat, islamistes, opposants politiques et syndicalistes. Tourné après la chute de Moubarak, son film jouit d’une parole libérée, de l’intuition qu’un inventaire de la période écoulée permettra d’aller de l’avant. Tissage virtuose de témoignages, d’extraits savoureux de fiction et d’archives rares, le documentaire fourmille, comme à l’accoutumée, de ces anecdotes qui éclairent le dessous des cartes, les luttes d’influence.

Mais, au-delà de la cartographie experte des stratégies et des orientations divergentes des trois présidents, le film donne à voir une constante : le tango mortifère entre la dynastie militaire au pouvoir et les Frères musulmans. Une danse à deux, tout à tour nourrie d’alliances ou de répression, qui a fait le lit d’un régime autoritaire, bannissant toute expression démocratique et jouant avec le feu du djihadisme.

Source Télérama

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