Lettre à Mme Catherine Ashton , Paris, le 23 Aout 2013

Catherine Ashton

A l’attention de Mme Catherine Ashton
Haut Représentant de l’Union pour les Affaires Étrangères et la Politique de Sécurité; et Vice-Présidente de la Commission

Madame,

Aujourd’hui plusieurs Égyptiens de souche, qui sont Français, Hollandais, Belges, et autres nationalités européennes, se rassemblent Place Luxembourg à Bruxelles, pour exprimer leur déception de l’attitude européenne vis-à-vis des derniers évènements en Égypte depuis la chute du Président Morsi.

Actuellement la violence de la Confrérie des Frères musulmans et des islamistes radicaux bat son plein. Lors des élections présidentielles de Juin 2012, ils avaient menacé d’incendier le pays si Shafik l’emporterait sur Morsi. Ce même type de menaces a été renouvelé en juin 2013 au cas où les forces de l’ordre chercheraient à les déloger de leurs deux campements de Sit-In au Caire.

Ces menaces viennent d’être mises à exécution. Depuis le 16 aout, la mise à feu couvre des bâtiments publics, postes de police, tribunaux, hôpitaux, écoles, mosquées et les institutions chrétiennes. Les Coptes, terrorisés, sont devenus la cible des islamistes et récoltent la plus grande part du gâteau : en quelques jours, 82 incendies d’églises, monastères, écoles, et orphelinats chrétiens.

Ces actes ont été le plus souvent accompagnés de groupements par centaines, voire par milliers criant victoire au nom d’Allah et brandissant des slogans pour annoncer la mort et la fin des Coptes Infidèles. Les drapeaux d’Al Kaida ont été hissés dans les rues et sur des églises. Plusieurs maisons de Coptes et leurs commerces ont été incendiés et des familles tuées.

Dans certains villages on peut parler de pogrom des Coptes, avec leurs maisons marquées par des signes de croix. Ceci fait partie d’un plan pour se débarrasser des Chrétiens du Moyen Orient. La destruction de leurs lieux de culte n’en est qu’une étape.

Une violence d’une telle ampleur ne s’est pas vue en Égypte depuis près de deux siècles. Face à ces actes barbares, la réaction de l’UE est insuffisante alors que le respect des libertés religieuses fait partie de ses priorités. Les 15 millions de Coptes seront-ils le bouc émissaire du dit printemps arabe ?
Le 30 juin et le 26 juillet 2013, la volonté du peuple égyptien avait été clairement exprimée.

Plus de 20 millions de manifestants dans les rues d’Égypte, musulmans et chrétiens, ont demandé que l’armée, seule force organisée face au pouvoir islamiste, les aide pour qu’ils récupèrent leur révolution volée.

Le Général El Sissi a alors délogé Morsi, comme le maréchal Tanatawi l’avait fait avec Moubarak en janvier 2011. L’intervention de l’armée a évité une guerre civile. Ces millions de manifestants de juin et juillet ont été heureux de la réponse de l’armée à cet appel du peuple pour mettre fin à la transformation de leur pays en dictature islamiste radicale.

Le peuple a dit non à la création d’une Egypt-stan avec un règne de fanatiques comme l’Afghanistan avec des Talibans ou à l’iranienne avec des Ayatallah. Pour une période transitoire, un Président de la République a été nommé selon les articles de la constitution. Un gouvernement avec des ministres civils compétents, a été mis en place.

Un seul militaire, El Sissi, en fait partie en tant que Vice-premier ministre et Ministre de la Défense. Une feuille de route définit le processus démocratique pour aboutir à une constitution non-islamiste et des élections. Malgré cela l’UE présente les Frères comme victimes d’un « coup d’Etat » militaire, et considère que les deux Sit-in des Frères au Caire ne sont que « manifestations pacifiques » alors qu’il s’agit de deux campements armés jusqu’aux dents.

Les Égyptiens Européens représentés aujourd’hui par ce rassemblement, demandent à l’UE de condamner ce terrorisme, de soutenir le gouvernement transitoire et d’assurer un vrai accompagnement dans son processus démocratique.

Recevez, Mme la Haute Représentante de l’Union, notre haute considération.

Signés au nom des Egyptiens Européens, rassemblés à Bruxelles le 23 août 2013
Jean Maher – Président de l’OFEDH ; et Evine Mohamed Naga – Relations aux Affaires Politiques

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